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Comment j’ai obtenu 584879 dollars sur Kickstarter par Amanda Palmer
Amis français j’espère que vous profitez bien de votre jour férié pendant qu’en Belgique on bosse le 8 mai 🙂
Le billet d’aujourd’hui va être un peu particulier parce que c’est une traduction d’un billet publié sur Techdirt, un site US.
Il a été écrit par Amanda Palmer, une artiste aux multiples facettes, un peu dingue dans le bon sens du terme, qui a réussi un bon gros braquage sur Kickstarter (site de financement de projets par des particuliers).
Forcément c’est orienté musique mais le message est intéressant pour tous ceux qui veulent développer une communauté et échanger avec elle.
PS : Je me suis chargé de la traduction. J’ai gardé le formatage d’origine du texte mais j’ai rajouté les titres pour que ça soit plus lisible.
Je ne suis pas du tout surprise par les chiffres
Il y a une bonne histoire à raconter à propos des bambous et de la façon dont ils poussent. Un fermier plante une pousse de bambou, l’arrose et l’engraisse pendant presque trois ans. Et pendant trois ans rien de visible ne pousse, mais le fermier continue de s’occuper de cette chose invisible avec assez de foi pour espérer que ça fonctionne. Quand le bambou sort du sol, il peut pousser d’un coup jusqu’à 9 mètres en seulement un mois. C’est exactement comme pour ma campagne Kickstarter. Je ne suis pas du tout surprise par les chiffres. J’ai fixé l’objectif du Kickstarter à 100000 dollars en espérant les faire rapidement, et en espérant qu’on les dépasserait de très loin.
Parce qu’ils ME CONNAISSENT
Je me suis occupée d’une forêt de bambous de fans pendant des années depuis que j’ai quitté Roadrunner Records en 2009. Chaque personne à qui je parle lors d’une séance de dédicace, chaque échange que j’ai en ligne (parfois des douzaines par jour), chaque musique, vidéo ou galerie envoyée par un fan que je suis, tous les lits bizarres dans lesquels je me suis effondrée… toutes ces interactions humaines sincères ont conduit à ce moment, où je demande autour de moi qu’on m’aide pour un album. Où je demande à TOUT LE MONDE. Où je demande aux plus pauvres de mes fans de donner 1 dollars ou au moins de diffuser l’information ; où je demande aux plus riches de me prêter autant d’argent qu’ils pourront pour aussi longtemps que ça ne leur manquera pas.
Et ils m’aident parce qu’ils savent que je suis douée dans ce que je fais. Parce qu’ils ME CONNAISSENT.
Ca m’a simplement donné un avantage et je m’en suis servie
J’ai entendu des gens se plaindre disant que c’est facile pour moi de faire ça parce que j’ai démarré sur un gros label. C’est vrai que le label m’a aidé moi et mon groupe à nous faire connaître. Mais après ça le futur ne dépendait que de moi. Ca m’a simplement donné un avantage et je m’en suis servie. En 2009 j’aurais pu arrêter de travailler dur, arrêter de nouer des relations avec mes fans. Si j’avais fait ça, et si j’étais revenue de nul part en 2012 pour kickstarter un album solo, j’aurais peut-être obtenu 10000 dollars… en étant chanceuse. Il y a des artistes connus, autrefois sous contrats avec des labels (aucun intérêt de donner les noms), qui ont testé la méthode du crowdfunding et ont échoué magistralement, la plupart du temps parce qu’ils n’avaient pas de relations sur internet avec leurs fans sur lesquelles s’appuyer. Et a contrario plein de jeunes artistes inconnus avec une petite base de fans dévoués ont tout déchiré avec le crowdfunding parce qu’il se sont investis dans leur présence sur internet et dans les concerts, qu’ils ont été proches de leurs fans PENDANT TOUT LE TEMPS où personne ne s’en souciait ou ne regardait.
Je dors chez mes fans
Je tweete tous les jours. Je partage ma vie. Ma VRAIE vie. Les sales trucs, les moments durs. Je surveille mon blog religieusement. Je lis les commentaires. Je demande des conseils. Je réponds aux questions. Je règles les problèmes. Je crois mes fans quand ils me voient à un concert et qu’ils me disent que leur vinyl est arrivé cassé chez eux à cause de la poste. Je n’essaye pas de me cacher derrière un voile de célébrité. Je ne veux pas être autre chose qu’un être humain. Je fais des erreurs, je me fais engueuler, je m’excuse. Je partage ma réflexion. Je demande de l’aide SANS AUCUNE HONTE. Je dors chez mes fans. Je mange avec eux. Je lis les livres qu’ils écrivent. Je vais voir leurs pièces de théâtre, leurs spectacles de danse, en ligne et dans la vraie vie. Je soutiens leur propres projets de crowdfunding. Ils me raccompagnent en voiture chez moi. Je suis le genre de personne qu’ils veulent aider, parce qu’ils me connaissent assez bien, après toutes ces années, pour savoir QUI JE SUIS VRAIMENT. Ils ne reçoivent pas uniquement une image photoshopée de moi à chaque fois que j’ai un album à vendre. Ils voient une personne en trois dimensions, en mouvement, en temps réel. Vivante et qui travaille.
Ce n’est pas une astuce marketing. L’interaction avec les gens ça ne se simule pas. Ca prend du temps, ça demande des efforts et plus important : vous devez vraiment AIMER ça, autrement vous vous sentirez mal.
Nous rentrons dans l’ère de l’artiste connecté
Nous rentrons dans l’ère de l’artiste connecté. Ca devient de plus en plus difficile de se cacher dans son grenier et de faire descendre ses chansons dans un seau à la foule qui attend en bas, en jouant la carte du mystère sexy. C’était les années 90. Quand un artiste pouvait être aussi asocial qu’il le voulait et ramasser des sous juste en se la jouant distant. C’est fini. La tour d’ivoire de l’artiste mystérieux s’est effondrée. Si vous êtes terriblement timide, antisocial, que vous détestez tweeter et blogger, échanger avec les gens et faire des tournées… et si vous voulez simplement écrire et chanter des chansons et qu’on vous laisse tranquille, vous pouvez toujours réussir… si votre musique est GENIALE. Mais il vaudra mieux que vous ayez un copain super intelligent ou un pote manager qui se battra pour vous et donnera de la voix en votre nom, parce que désormais aucune grosse maison de disque ne fera votre promo pour vous (ou si elle le fait elle vous demandera 100% de vos gains pour le service).
On m’a demandé aujourd’hui sur Twitter : “Pourquoi une artiste connue comme toi utilise Kickstarter ? tu ne devrais pas plutôt laisser le crowdfunding à ceux qui en ont besoin ?”.
J’ai répondu : tous les artistes quel que soit leur niveau (même les Gagas et les Madonnas) doivent trouver des fonds pour leur travail. Certains artistes vont voir les maisons de disques pour financer leurs albums et leurs tournées. Mais maintenant les artistes quel que soit leur niveau peuvent s’adresser directement à leurs fans pour ça. Fin.
Les principes de base du succès dans la chanson restent les mêmes : avoir de bonnes chansons, émouvoir les gens, travailler dur. Mais pour ce qui concerne la vie quotidienne… les musiciens ne voyagent plus dans une limousine à vitres teintées pour les protéger des regards extérieurs. Maintenant on se déplace tous à pieds, devant la porte des gens, sous la lumière du jour… avec internet comme trottoir magique pour défier le temps et l’espace.
Love,
Amanda
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Imprimer le billet | Ce billet a été posté par Anthony le 08/05/2012 à 13:16 dans la catégorie Idées. Suivez le flux RSS des commentaire de ce billet. Vous pouvez laisser un commentaire ou une question. Les pings sont désactivés. |
about 12 years ago
Article interressant.
On peux tout à fait le croiser avec notre milieu en regardant comment les amatrices travaillent. Tout est dans le côté social et interraction avec leurs membres / clients / fans .
Que tu prennes nephael, ludivine, stafina and co c’est ainsi que ça fonctionne .
about 12 years ago
Oui, je pensais aux amatrices et même aux pornstars (enfin, pour ce qu’il en reste sur le fr) en lisant son billet.
Je pensais aussi aux communautés genre Jackie et Michel.
Mais c’est valable pour pas mal de choses, y compris les forums adultes 😉
about 12 years ago
aux usa voyeurweb c est 4,5 millions de visiteurs….chaque mois